No. XLIX (2018)
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De la Grèce rêvée à la Grèce vécue : L’armée d’Orient dans une interculturalité complexe

Thérèse Krempp Puppinck
École des Hautes études en sciences sociales

Published 01.12.2018

Keywords

  • Première guerre mondiale,
  • armée d’Orient,
  • Grèce,
  • Salonique,
  • Macédoine,
  • interculturalité,
  • altérité,
  • orientalisme,
  • philhellénisme
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How to Cite

Krempp Puppinck, T. (2018). De la Grèce rêvée à la Grèce vécue : L’armée d’Orient dans une interculturalité complexe. Balcanica - Annual of the Institute for Balkan Studies, (XLIX), 91–106. https://doi.org/10.2298/BALC1849091K

Abstract

Après l’échec subi aux Dardanelles, les Alliés décidèrent d’envoyer des troupes en Grèce et les premiers contingents de l’armée d’Orient débarquèrent à Salonique au mois d’octobre 1915. L’armée d’Orient se déploya à travers la Macédoine grecque jusqu’en janvier 1921. Cette région abritait des populations variées : Turcs, Bulgares, Serbes, Albanais, Tziganes, Koutso-Valaques, Juifs sépharades, Grecs, chacun s’exprimant dans sa propre langue. Ainsi l’armée française d’Orient s’imposa sur un territoire au peuplement très divers, qui de surcroît venait de quitter l’empire ottoman pour être rattaché à la Grèce. Ce caractère multiculturel rendit le contact entre l’armée d’Orient et le pays particulièrement complexe. En arrivant dans la rade de Salonique, les soldats avaient inévitablement mobilisé leurs référents culturels ainsi que tout un imaginaire nourri de stéréotypes. Rattachaient-ils la Grèce à son passé antique prestigieux, ou se tournaient-ils plutôt vers un orientalisme considéré comme plus attirant car plus fantasmagorique ? Les clichés véhiculés dans l’esprit des soldats français par la culture classique des humanités et par le courant orientaliste ont-ils pu résister au choc d’une interculturalité polysémique ? L’analyse de la Revue franco-macédonienne, écrite par les soldats de l’armée d’Orient, et l’étude de souvenirs publiés ou inédits, laissent largement apparaître la profonde déception des soldats français, qui ne comprirent pas la configuration culturelle du territoire macédonien, et qui restèrent prisonniers d’impressions subjectives et de réactions émotionnelles. La Grèce rêvée avant le départ ne résista pas à la confrontation avec la réalité, qui fut alors rejetée de façon virulente par de nombreux soldats.

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